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Pereira prétend - Antonio Tabucchi

Auteur: Antonio Tabucchi
Titre : Pereira prétend
Titre original : Sostiene Pereira
Collection : Domaine étranger
Traducteur : Bernard Comment
Editions : 10/18
Année de parution : 1998
Nombre de pages : 218 p.
Couverture : Place du Palais royal Lisbonne (détail)

Commentaire : Lisbonne. Eté 1938. Alors que le Portugal vit sous la dictature de Salazar, que la guerre civile gronde en Espagne et que le fascisme sévit en Italie, Pereira, est nommé directeur de la page culturelle du journal Lisboa. Pour l’aider dans sa tâche, ce triste personnage de santé fragile qui parle au portrait de sa défunte femme, fait appel aux services de Monteiro Rossi pour sa rubrique de nécrologie qui porte sur les écrivains "à mourir". Soudain bouleversée par cette rencontre, la vie de Pereira prend une tournure imprévue : rien ne se passe comme il le voudrait mais il n’a pas la force d’empêcher son destin de s’accomplir. Lui qui ne s’intéressait qu’à la traduction des romans français du XIXe siècle, le voilà embarqué dans des complots politiques dont il ne voulait rien savoir. De fil en aiguille, notre héros malgré lui, va apprendre au détriment de sa tranquilité, qu’être journaliste au Portugal pendant la dictature de Salazar, n’a rien d’un travail de routine. Obéissant à l’on ne sait quelle force incontrôlable, il découvre alors le pouvoir des journalistes et assume son rôle jusqu’au bout...


J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce récit. Le ton employé par Tabucchi résonne comme une espèce de plaidoyer que j’ai trouvé assez indigeste. Tout au long du roman, Tabucchi parle de Pereira en introduisant ses actions par « prétend Pereira » et l’on ne sait pas vraiment où il veut en venir. On découvre au fil du texte un personnage au premier abord quelconque, résigné voire même insignifiant et pourtant. Rien ne présage l’issue de l’histoire. Et la note de l’auteur à la fin du livre justifie soudain toute la raison de ce roman. On en ressort déconcerté, touché, ému. Si ce Pereira a vraiment existé comme le "prétend" ce roman de Tabucchi, alors moi je dis : vive Pereira quel que soit le nom qu’il ait vraiment porté. Un roman pour moi vraiment inattendu et une bien jolie découverte...


Anecdote : En 1995, le protagoniste du roman Pereira prétend, devient un symbole pour l’opposition de gauche à Silvio Berlusconi, le magnat de la presse.

Extraits : "Il dit : la philosophie donne l’impression de seulement s’occuper de la vérité, mais peut-être ne dit-elle que des fantaisies, et la littérature donne l’impression de s’occuper seulement de fantaisies, mais peut-être dit-elle la vérité." p.33


"Oui, dit Pereira, mais s’ils avaient raison, ma vie n’aurait pas de sens, ça n’aurait pas de sens d’avoir étudié les lettres à Coimbra et d’avoir toujours cru que la littérature était la chose la plus importante du monde, ça n’aurait pas de sens que je dirige la page culturelle de ce journal de l’après-midi où je ne peux pas exprimer mon opinion et où je dois publier des récits du dix-neuvième siècle français, plus rien n’aurait de sens, et c’est de cela que je ressens le besoin de me repentir, comme si j’étais une autre personne et non le Pereira qui a toujours été journaliste, comme si je devais renier quelque chose." p. 126


"C’est facile objecta le docteur Cardoso, de toute façon il y a la censure préventive, chaque jour avant de sortir les épreuves de votre journal passent à travers l’imprimatur de la censure préventive, et s’il y a quelque chose qui ne va pas, vous pouvez être tranquille que ce ne sera pas publié, peut-être qu’ils laisseront une espace blanc, ça m’est déjà arrivé de voir des journaux portugais avec de grands espaces blancs, cela inspire une grande rage et une grande mélancolie." p. 132


"Vous êtes en conflit avec vous-même dans cette bataille qui agite votre âme, vous devriez abandonner votre surmoi, le laisser s’en aller à son destin comme un détritus." p. 161


"Excusez-moi, monsieur le directeur, répondit Pereira avec componction, mais bon, je voulais vous dire une chose, à l’origine nous étions lusitaniens, puis nous avons eu les Romains, les Celtes, puis nous avons eu les Arabes, alors quelle race pouvons-nous célébrer, nous portugais?" p. 190
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