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Terreur - Dan Simmons

Dix-neuf mai 1945. Pôle arctique. La Royal Navy envoie deux navires, le HMS Erebus et la HMS Terror à la découverte du fameux passage nord-ouest qui lui permettrait de relier le continent asiatique par la mer. Sous le commandement de Sir John Franklin, les 129 membres des deux équipages s'apprêtent à affronter l'enfer blanc de la banquise. Face à l'immensité immaculée de ces terres encore mal connues, l'expédition tourne au drame. Décimée au fur et à mesure par le froid, la faim et la maladie, notre équipée se heurte à un danger bien plus grand : une créature surnaturelle surgie de la banquise sème la terreur… 

Inspiré de faits réels, ce roman de Dan Simmons n'est pas à proprement parler un roman historique : mêlant mythe et réalité, ce récit, plus que glacial par la minutie de ses descriptions, relate avec réalisme la tragédie vécue par les équipages des deux navires. Des engelures provoquées par la morsure du froid, en passant par les maladies liées à une alimentation peu adaptée (scorbut et consomption) ou la menace des ours blancs, les expéditions polaires de l'époque n'ont rien de voyages de complaisance. Les événements évoqués sont le fruit d'un travail de documentation méticuleux. Dès les premières pages du livre, l'on ne peut s'empêcher de frissonner et il est difficile de se défaire de cette lecture glaciale tant le récit est passionnant. Alternant des extraits du journal intime du Dr Goodsir et des chapitres narratifs, Terreur (dont le nom se rapporte aussi bien à l'un des navires de l'expédition qu'au nom attribué par les marins à la créature) traduit avec justesse cette peur de l'inconnu si caractéristique à l'homme. Et la dimension fantastique introduite par le monstre blanc n'enlève en rien la puissance du récit. Au contraire, elle confère au texte un aplomb qui paradoxalement, apporte un réalisme des plus effrayants...


Malgré ses 1046 pages, ce pavé se lit avec un plaisir renouvelé à chaque chapitre, la fin du livre se référant à une bibliographie très complète. Seul bémol, le style de Dan Simmons est chargé. Ses phrases interminables et l'immense galerie de ses personnages ont parfois tendance à perdre le lecteur mais peu importe, Terreur est un livre distrayant. A lire donc pour les grands amateurs de frissons… et bien sûr pour les curieux!

Dédicace : 
«  et en remerciement pour ces indélébiles
souvenirs arctiques, à Kenneth Tobey, Magaret Sheridan, Robert Cornthwaite, Douglas Spencer, Dewey Martin, William Self, George Fennegan, Dimitri Tiomkin, Charles Lederer, Christian Nyby, Howard Hawks et James Arness. » 


Citations :
C’est cette qualité insaisissable qui, dès lors que la pensée de la blancheur est dissociée du monde des significations plaisantes et rattachée à un objet terrible par lui-même, porte cette terreur à sa plus extrême intensité. Voyez l’ours blanc des pôles et le requin blanc des tropiques : d’où vient l’horreur transcendante qu’ils inspirent, sinon de la lisse et floconneuse blancheur de leur robe ? La blancheur sinistre - voilà ce qui donne à leur muette avidité un si repoussant caractère de douceur, qui révulse, d’ailleurs plus qu’il ne terrifie. Pareillement, le tigre aux crocs cruels et au pelage armorié n’ébranle pas autant le courage que l’ours ou le requin enlinceulés de blanc. Hermann Melville, Moby Dick (1851)

Extraits : " - Peut-être que la lecture est une malédiction, je veux dire, conclut Fowler. Peut-être vaut-il mieux pour l'homme ne pas s'évader de son esprit.
Je songeais à lui répondre Amen, mais je n'aurais su dire pourquoi."
p. 474


Auteur : Dan Simmons
Titre : Terreur
Titre original : The Terror
Traducteur : Jean-Daniel Brèque
Editions : Pocket
Date de publication : Octobre 2010
Nombre de pages : 1049 p.
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