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Discours de la servitude volontaire - La Boétie

Du haut de ses 18 ans, La Boétie a dit : "c'est un malheur extrême que d'être assujetti à un maître dont on ne peut jamais être assuré de la bonté, et qui a toujours le pouvoir d'être méchant quand il le voudra. Quant à obéir à plusieurs maîtres, c'est être autant de fois extrêmement malheureux." p.7. Le futur magistrat affirme dans la foulée qu'il n'est pas donné à tous d'être libre. Constat étonnant lorsque l'on considère qu'il "est bien inutile de demander si la liberté est naturelle, puisqu'on ne peut tenir aucun être en servitude sans lui faire tort : il n'y a rien au monde de plus contraire à la nature, toute raisonnable, que l'injustice." p.17. Malgré cette vérité, quelques 437 ans après la parution de ce discours, l'analyse demeure d'actualité. Que le pouvoir établi soit une Monarchie absolue ou tout autre autorité despotique, un tyran restera toujours un tyran. Doit-on pour autant en conclure que la servitude est propre à l'homme ? La réponse de La Boétie est certainement négative mais elle est justement nuancée par l'emploi de l'expression "servitude volontaire". Ce discours s'impose comme un appel (peut-être par certains aspects candide) à la révolte contre toute servitude. La Boétie assure, et je suis de son avis sur au moins ce point, qu'on "ne regrette jamais ce qu'on a jamais eu. Le chagrin ne vient qu'après le plaisir et toujours à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l'homme est d'être libre et de vouloir l'être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l'éducation le lui donne." p.26. Pourquoi l'homme est-il donc si enclin à obéir ? La soumission serait-elle liée à la peur, l'ignorance, la crédulité, la complaisance, l'impuissance ou tout à la fois ? Quel rapport incompréhensible lie donc le maître à l'esclave ? Opposant la nature à la culture, le poète humaniste questionne dans cet essai publié à titre posthume (1576), sur les raisons qui contraignent la liberté des hommes. La Boétie convient que l'habitude est la raison première de la servitude. Vient ensuite le laxisme des soumis et enfin la faiblesse des fidèles... Puisant ses références dans l'histoire de la Grèce antique et remontant aux causes qui motivent ces différents comportements, l'auteur livre avec ce discours une critique acide de l'absolutisme. La subversion de ce court plaidoyer contre le despotisme et l'humanisme qui l'habite font honneur au principe de liberté défendu par La Boétie. De la philosophie politique ainsi esquissée par le jeune Étienne, il faut se rappeler qu'il ne s'agit pas d'un discours de circonstance mais bien d'un texte majeur qui inspirera les bases fondammentales de La désobéissance civile développée quelques siècles plus tard par Henry David Thoreau (1849).

Pour l'anecdote, on notera que c'est grâce à ce texte que Montaigne (philosophe dont je cautionne largement les idées) a souhaité faire la connaissance de La Boétie. De la recontre de ces deux brillantes figures de la pensée humaniste, naîtra une relation sincère, loyale et durable qui donne un bel exemple de ce que Montaigne a décrit comme la parfaite amitié. Montaigne consacre d'ailleurs un chapitre intitulé De l'amitié dans ses Essais où il célèbre leur union fusionnelle (dois-je rappeler qu'il n'est pas question d'homosexualité?).

A lire également Comète, la postface proposée par Séverine Auffret en fin de livre.

Enfin, pour en découvrir quelques extraits, visionnez donc cette vidéo :


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  • Titre : Discours de la servitude volontaire
  • Auteur : La Boétie
  • Éditeur : Mille et une nuit
  • Traducteur en français moderne et postface : Séverine Auffret
  • Date de parution : Octobre 1995
  • Nombre de pages : 63 p.
  • Graphisme : Rampazo & Associés
  • ISBN : 2-910233-94-4
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